Décidément, la garde-robe de Lizz Wright ne ressemble pas à celle de Beyoncé. Sur son précédent disque, The Orchard, elle se présentait en robe de vestale africaine au milieu d’un parterre de lierre sauvage. Sur celui-ci, elle opte pour une toilette à dos nu complètement désuète dont elle soulève les plis fleuris au bord d’une route de campagne, comme si elle partait danser le jitterburg à la kermesse paroissiale (comme si elle courait faire pipi dans le premier fossé, penseront les plus espiègles).
Pourtant, malgré les apparences, cette chanteuse trentenaire n’a rien de démodé. Au contraire. Remonter en sa compagnie le cours du grand fleuve musical afroaméricain jusqu’à sa source, le gospel, revient même à faire un grand pas (spirituel) en avant. Prodige qui tient d’abord à son histoire personnelle mais aussi à sa versatilité. Fille de pasteur pentecôtiste d’une petite ville de Géorgie, elle s’immerge dans le répertoire traditionnel avec autant d’aisance, d’abandon et de ferveur que certaines grandes aînées comme Mahalia Jackson ou Aretha Franklin…